J’ai passé une partie de mes vacances à regarder des vidéos… de machine à café. Bien que mon actuelle Breville semi-automatique me faisait un café espresso décent, j’avais le sentiment qu’elle ne parvenait pas à reproduire ce que l’on pouvait goûter d’une bonne machine que l’on trouve dans les bons commerces.
Le modèle en ma possession, une Barista Express, est très populaire. Elle date tout de même de six ans. Mon voisin, qui en possède une identique et plus récente, en est très satisfait. Le modèle s’est un peu raffiné et la chaudière me semble produire un café plus chaud que ce que j’obtenais avec la mienne.
Comme je jouis d’une fenêtre budgétaire qui, je crois, finira par se fermer, je me suis mis à regarder ce qui se faisait dans le marché afin de me faire une idée. Dois-je rester avec ma Breville ou pourrais-je passer à un niveau supposément supérieur?
Dans un premier temps, je me suis familiarisé avec les techniques entourant l’espresso, ce qui m’a au départ aidé avec le fonctionnement de ma Barista Express. En apprenant à doser, à comprendre les ratios à utiliser, j’ai pu améliorer mes cafés. Mais la température n’y était pas, grande faiblesse de cette machine.
Je suis donc passé à l’étape de l’exploration des machines. Je m’étais donné un montant modeste, soit 1500$ maximum. Mal m’en prit. Plus je regardais des vidéos d’influenceurs dits experts (et on apprend vite à reconnaître les passionnés et les réalistes des vendeurs automatisés à l’intelligence artificielle), plus je comprenais que rien n’est simple dans l’univers de l’espresso.
Il y a en plus une mode, une tendance lourde. Et beaucoup de passion capitaliste. J’ai découvert les grandes marques, ECM/Profitec, Quick Mill, Lelit (acheté par Breville), La Marzocco, Faema, Rocket, Bezzera, Simonelli, Gaggia, Rancilio, etc. Puis les modèles chinois!: Gemilai, l’étonnante Meraki, Timemore, etc. Tous ces grands noms se mirent à produire pour les consommateurs. Bien que la machine espresso commerciale se porte bien, le marché se tourne maintenant vers le domestique.
Ajoutons à la pléthore des modèles plus ou moins luxueux, tout l’attirail, en commençant par les moulins qui, dit-on, sont plus importants que la machine espresso, les distributeurs, les tampons, les paniers avec plus ou moins de trous, les rondelles de panier (pour aider à la distribution et éviter les "tunnels" durant l’extraction). Et j’en passe!
Après moult visionnements, j’avais jeté mon dévolu sur une QuickMill Popup, machine avec un rapport qualité/fonctionnalités/prix des plus intéressants. Mais voilà… c’était sans tenir compte de l’aspect esthétique de l’objet. J’ai beau lire les philosophies hindoues, respirer le plus zen possible, je suis attiré par le matériel. La Popup était bien, mais il y avait plus beau…
Je disais orgueilleusement à mon voisin que je ne faisais que regarder après tout, que je pouvais me contenter encore de ma Breville. Mais après deux semaines de mes commentaires ici et là lancés dans nos conversations, il commença à s’impatienter et me lança une remarque massue: "Bon, quand est-ce que tu achètes ta machine?"
Pouf la baloune du contrôle… C’est un peu comme s’il me donnait la permission de dépenser mon propre argent. C’est à ce moment que j’ai revisité les nombreuses machines candidates (et plus chères) et qu’une vidéo focalisa mon désir sur la ECM Puristika.
Elle avait tout ce dont j’avais besoin, à savoir une esthétique particulière, une fonctionnalité minimale, car elle ne fait que l’espresso, oubliez les latte que je ne bois jamais, un prix tout de même raisonnable (mais dépassé ma fourchette budgétaire), la réputation ECM et le caractère traditionnel de l’extraction d’un espresso.
J’ai ajouté un moulin Varia (avec une bonne réputation, mais un prix modeste), quelques accessoires. Trop cher le tout, mais bon. J’ai encore les moyens avant ma retraite. La machine risque de m’accompagner sur mon lit de mort.
Alors, j’ai consommé.
Avec plein de remords devant la superficialité du tout.
Et puis, basta. YOLO.
J’ai reçu ma machine, j’ai acheté un café un peu plus cher que d’habitude. Évidemment, les premiers espressos n’étaient pas vraiment bons. J’ai voulu jouer les baristas, alors il me faut bien dompter la technique.
Suis-je satisfait maintenant? Bien sûr que oui. Bien sûr que non. Je n’ai pas atteint le nirvana (y boit-on l’espresso, de toute façon là?), je me suis mis à acheter des petits gadgets pour améliorer mon expérience, au grand amusement de mon voisin, qui apprécie tout de même les ristrettos que je lui sers.
Me voilà parti dans l’exploration des cafés. J’avoue que mon palais ne retient généralement que l’amertume, l’acidité et surtout le goût du café. De là à déceler la note florale de ceci, le côté boisé de cela, la mélasse ou la vanille de l’autre. Pffft, je ne suis peut-être finalement qu’un rustre petit bourgeois qui peut se payer une machine espresso.
Or, lorsque le café est réussi, cela me procure une belle joie. C’est la même chose avec mon pain. Quand la miche est ronde et gonflée, je ne suis pas peu fier, madame.
J’ai découvert tout un monde en visionnant ces vidéos. Il y a vraiment des gens (surtout des hommes) passionnés de café comme d’autres s’humidifient en ouvrant le capot d’une automobile ou feuillettent le catalogue des vêtements de vélo en lycra.
Des nombreuses compagnies, Breville, Ninja, KitckenAid (eh oui!), De’Longhi, Gaggia, et j’en passe, redoublent d’inventivité pour attirer le consommateur et les pousser plus loin que la capsule Nespresso. Et à force de popularité, voit-on apparaître des modèles chinois qui copient (ou reprennent à leur compte les pièces qu’ils produisent pour d’autres) afin d’offrir de bonnes machines qui font sourciller les fabricants traditionnels. Ah, ces Chinois… Allez voir la Wendougee…
Si je fus très tenté par la Meraki ou même la Meticulous, j’ai quand même opté pour une valeur sure. De toute manière, en respirant un peu par le nez, on finit par revenir sur terre… et après avoir pris ma petite dose raffinée de caféine, je retourne m’asseoir dans mon fauteuil capitonné et plonger dans une méditation pleine conscience de courte durée…