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L’archer

20 avril 2013

Écrire et chanter, chanter ou écrire. Cela revient du pareil au même pour moi. Je révise les Mailles sanguines, j’apprends un nouvel air. Dans les deux cas, cela me demande d’être minutieux, intense. Mon professeur n’a de cesse de me rappeler que, chanter, ce n’est pas autre chose que de laisser aller le souffle, non pas mollement, mais avec l’attitude de l’archer qui, lorsque les conditions sont réunies, libère la corde. L’explosion se produit, le son ennoie la réalité.

L’objectif est semblable quand il s’agit d’écrire et, par déformation ou imitation professionnelle, j’ai le sentiment que je suis constamment à tendre cette corde, à vouloir réunir toutes les conditions pour décocher, mots, caresses, sentiments.

Il s’agit là d’un exercice laborieux et périlleux. Si vous vous demandez pourquoi certains artistes deviennent fous, c’est qu’ils sont, comme ces fragiles de l’esprit, tendus, prêts à l’envol. Parfois l’arc se brise à trop vouloir propulser l’ego.

Nous ne sommes jamais assez humbles. Nous ne sommes jamais assez culottés. L’ivresse ne peut se vivre que sur la corde raide de l’aventure.

Mais, on sera d’accord, reste à définir tout ça. Méchant cérébral émotif que je suis.