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L’ardoise étale

1 novembre 2012

Mes journées se teintent d’infimes contrastes, de vaguelettes léchant zennement la plage des heures, comme si rien n’allait se passer, comme si tout était à faire. Ce n’est ni l’aube ni le crépuscule, ce n’est rien et tout est là.

J’apprends un air de Fauré, Mai, ce sont des notes en dentelle. J’apprends également les passages chorals de Babi Yar, la sombre symphonie de Chostakovitch. J’observe ces gens qui, comme ces deux œuvres, oscillent entre le bonheur et la connaissance du Mal. Et je n’ai plus de voix depuis quatre jours. Elle va et vient, lorsque les poumons réussissent à contrer la toux.

J’attends aussi une réponse d’un éditeur. Il a levé, par intérêt, les sourcils, et son comité de lecture doit rendre sous peu une décision. J’aimerais espérer, j’en suis en ce moment incapable, par crainte de voir déguerpir le destin si je tente trop d’attirer ses faveurs.

Je ne suis ni dans l’œil d’un cyclone ni à son pourtour. J’ai du travail pour me désennuyer, j’ai des travaux pour m’occuper, j’ai du chant pour m’inspirer, j’ai des idées pour plusieurs histoires. Tout s’étale telle une mer calme. Le silence dans mes angoisses, des remous dans mon ventre.

Pour être heureux, il suffit d’effacer résolument l’ardoise. Quand j’aurai atteint la rivière, je déciderai si je dois et comment la franchir.

Il pleut doucement. Ce n’est ni le déluge ni la sécheresse.