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Les arbres parleurs

25 mars 2013

Les arbres nous parlent, parfois. Leur tête plongée dans la terre de nos villes, ils balancent, même en hiver, leurs pieds maigrelets et excités par le vent. Ils nous parlent parce que nous sommes comme eux, comme ces autruches, plumes en l’air, yeux enfouis dans des considérations opaques.

Un arbre est prisonnier de sa terre, de son béton, de sa ville. Leur solitude n’en est pas moins un leurre. Il fut prouvé qu’ils avaient conscience de leurs congénères, qu’ils diffusaient, tête à l’envers, des filets de substances, qu’ils ont trouvé maints stratagèmes pour se transmettre des gènes, des promesses. Ils survivent.

Les arbres se parlent, nous leur parlons. Nous nous parlons. Mais les arbres ne se font pas la guerre, ils ne semblent pas s’inventer des mensonges, acceptent leur sort au point que, si on les coupe, personne ne paraîtra s’en offusquer, pas même un bruissement de branches chez les autres arbres.

Pause.

J’invente.

Qu’en sais-je ? J’ai dit plus haut que les arbres se parlent. Alors ils savent tout d’eux, des holocaustes, tant d’arbres devenus meubles, papier, peau, feu.

Mais ils survivent.

J’aimerais que les arbres me parlent vraiment.