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Lui

9 mars 2024

J'ai rêvé. Nous discutions sur ce qui pourrait avoir été de la pluie et du beau temps. Il était vêtu de blanc, les yeux bruns, des cheveux noirs, parfumés à l'ébène, je crois, mais comment savoir si ce que je décris fait partie d'un souvenir, d'un fantasme ou de la réalité d'un nuage qui passe?

J'ai senti qu'il voulait m'embrasser et mes lèvres muettes se sont approchées de ses paroles. Son haleine diffusait la syntaxe d'un désir. Mes yeux sillonnaient déjà l'arche de ses paupières.

Mon corps dans mes draps a dû s'énerver, agréablement choqué de ce qui lui arrivait, car je me suis réveillé quelques secondes. Je me suis enjoint de refermer les yeux, de ne plus penser à ma vie.

Le rêve se poursuivit avec la chaleur que l'on devine. Il n'y a pas de plus beau sentiment que d'être enveloppé par une âme étrangère, pas de plus brûlant sentiment que la caresse que l'on dépose au dos, aux reins, aux genres et aux obstacles d'un être vivant, si près, presque en fusion avec soi.

Il n'y a pas de plus silencieux que l'amour en train de se manifester, plus grand espoir que le présent enfariné d'opium et de sueurs.
Cela dura certainement une fraction de seconde, cette éternité des sens, puis les heures de mars se rabattirent sur moi.

J'étais heureux tout de même en me levant. Un magicien était passé par là, issu d'un prude inconscient, gardant pour lui les ombres de ma vitalité. J'ai peut-être vécu ces torrents de lave dans une autre vie. Il me semble n'en avoir que très peu de traces dans celle-ci, comme si j'avais consommé tout ce qui m'était permis avant que je passe à autre chose.

Il est possible, semble-t-il, de rêver éveillé, de conserver tout entière sa lucidité pour découvrir la solution à tous les mystères. Je prie alors de vivre à tout jamais parmi les entrelacs de mes rêves. Peut-être y trouverai-je l'éternité qu'il me faut pour poursuivre mon agréable chemin.

Création assistée avec Midjourney.