Mystères inutiles
L’inconscient serait le refuge de tout ce qui est déplaisant, stressant, de tout ce qui nous a causé du tort, des blessures physiques ou morales. Ce serait le réflexe du conscient de reporter ce qui doit être résolu, combattu et détruit. Il semble incapable de soulever le couvercle de cette boîte de Pandore. Selon l’auteur Andrew Holecek, ce mécanisme de protection nous empêche d’y voir clair. Notre moi profond est inaccessible:
Parce que ce monde souterrain est rempli de choses désagréables (c’est un tas de déchets après tout, la décharge de l’expérience rejetée), [l’inconscient] est très efficace pour vous éloigner de la vérité qui se trouve en dessous, la réalité absolue qui sous-tend toute apparence relative.
L’inconscient relatif est le lieu de naissance et le lit de l’ego, et il fera tout ce qui est en son pouvoir pour vous empêcher d’aller plus loin. Pour l’ego, l’ignorance est vraiment un bonheur. Il essaie de vous tenir à l’écart de la vérité, parce que pénétrer dans le lit de l’ego, c’est voir à travers sa façade, et pour l’ego, c’est l’équivalent de la mort.
L’ego a l’impression qu’il va s’évaporer s’il passe sous le fourré de l’inconscient relatif, alors il donne des coups de pied et crie pour vous éloigner de la vérité plus profonde de votre moi éternel absolu. L’ego ne fait que se protéger, mais ce faisant, il assure votre souffrance. Comme nous le verrons lorsque nous discuterons de l’esprit clair, l’ego meurt (ou est, plus précisément, vu à travers) lorsque nous tombons du niveau relatif aux niveaux absolus de l’inconscient. Ainsi, du point de vue de l’ego, les stratégies défensives sont justifiées.
[…]
La plupart des gens ne veulent tout simplement pas y aller. Ils ne veulent pas être dérangés par des choses comme le yoga du rêve. Ils préfèrent simplement dormir.
~~ Dream Yoga. Illuminating Your Life Through Lucid Dreaming, and the Tibetan Yogas of Sleep. Andrew Holecek. Sounds True. 2016.
Cependant, la route vers la connaissance de soi, cette réalité qui nous semble si lointaine, est dangereuse. Le bouddhisme nous enseigne qu’il faut parcourir le chemin du milieu, ne pas craindre de confronter ses peurs, mais ne pas détruire son existence à tout prix. C’est un chemin délicat, parsemé d’embûches, d’épines et de roses.
Je m'étonne. Quelle est la raison de ce jeu de cachotteries? Si la nature nous a dotés d'une conscience, pourquoi doit-elle à tout prix se méfier des blessures? Je peux comprendre un mécanisme de protection, mais pourquoi ce Moi est si profond, s'il existe? Qui, quoi en a décidé ainsi?
N'a-t-on pas réussi à faire jusqu'à maintenant que construire des explications circonstancielles? Quand bien même Bouddha aurait trouvé la réponse, Jésus-Christ reçu sa mission et Mahomet ses rêves, la raison première de cette lumière amourachée de son ombre demeure confinée on ne sait où et pourquoi. Mus par des atavismes incompréhensibles, tant les univers, les planètes, les animaux, les insectes, les bactéries humaines se font broyer au moulin du recommencement. Et on se gratte la tête pour s'en faire une raison.
Il s'en trouve pour y trouver l'inspiration et le génie pour les découvertes, d'autres s'en servent aux fins de leurs éphémères présences. On ne veut pas trop s'abasourdir de cette apparente inutilité des mystères. Cela est et ce le sera.
Mais moi, moi, moi, je cogne à la porte de mon inconscient. Je lui demande audience. Il me semble que cela ferait une belle conversation.
