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Ma joie sincère

28 octobre 2023

Le rituel est le même chaque saison. Mon regard s’extasie, humble et fataliste, devant les couleurs pastels et émaciées de la végétation fatiguée dans ses branches ou déjà affalée, inanimée au sol.

Le soleil les aura encore une fois épuisées. Pourquoi ne se lasse-t-on pas de ce concert d’immobilités et d’abandon? À certains endroits, on croit voir la course figée d’une feuille comète sur le béton, à d’autres le savant mélange d’un peintre maître de ses couleurs.

On verrait la même chose dans un tableau et on s’éloignerait en bâillant d’ennui devant peu d’originalité. Or, durant le passage ordinaire de nos pas à travers le tissus du temps, le teintes d’automne nous remplissent d’une paix sereine, totalement soumise à notre destin.

Loin d’en faire une loi universelle, c’est en tout les cas ma vérité. Déjà un an passé. Je pourrais me le dire chaque jour que je vis. Mais l’automne a sa manière personnelle de nous en faire prendre conscience. Beaucoup de régions sur Terre ne possèdent pas ces rappels. Les gens du désert ont leur propres horloges, les peuples en guerre vivent selon un autre calendrier, légions d’animaux écoutent les sirènes des champs magnétiques, les bactéries, virus et autres cellules marchent, aveugles et volontaires entre les atomes de leurs univers.

Ma très petite personne n’est que le fruit d’un hasard bien orchestré avec les changements climatiques. J’espère seulement que ces derniers ne m’enlèveront pas le théâtre de ces mouvements de saison. Ils forment en moi une colonne plus que vertébrale, quasi religieuse, sans être une certitude, seulement une sensation d’exister et de me contenter de ce que je suis et expérimente. Mon amen quotidien, mon silence créatif, ma joie sincère.