Dimanche matin, je me décide à quitter l’appartement, sous la chape d’un léger mal de tête. Le ciel est gris, l’air humide si bien qu’on ne se sent pas tout de suite confortable même si le but premier de cette marche est de prendre son plein bol d’air frais. Je plonge dans le métro pour en ressortir à la station Place d’Armes. Direction le Vieux-Port.
Toujours transi, je ne suis plus certain que d’aller me promener sur le bord du fleuve est une bonne idée. Mais la lumière grise est belle, parfaite pour prendre des photos. Je n’ai que mon iPhone avec moi. Il y a longtemps que je ne traîne plus mon Canon encombrant.
J’ai toujours aimé marcher seul, parce que j’ai le loisir de n’être distrait que par les formes et les couleurs qui se présentent devant moi et ce dimanche tout en teintes d’hiver morne me révèle les vestiges d’un été devenu archéologique, la puissance du courant, les glaces bousculées, les joies tranquilles des patineurs. Il n’y a de connaissance d’un pays que lorsqu’on le foule. Le métro, le train, l’avion, l’automobile nous occultent peu ou prou la texture du moment, interdisent l’ivresse de nos filtres humains. Ils sont certes utiles d’autant que cette accélération nous projette vers des univers variés. Mais le voyage ne peut que se faire, au bout du compte, que lentement. Il faut être en contact avec le voyage, ne serait-ce que pour passer d’un immeuble à un autre. Il faut rester dans ce monde et le comprendre.
On le sait, l’univers est plus qu’on ne pourra connaître, que la réalité même de notre conscience est rapidement remise en question quand on pose ses yeux sur un micro- ou téléscope. Qu’importe, mes yeux se laissent bercer par le bleu de parapluies bleus perdus dans la neige d’une ville grise.
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