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Notre destin

15 novembre 2019

Sommes-nous gouvernés par une force, des lois, un dieu, un quelque chose de plus grand que nous ? Le concept de destin prend plusieurs formes et n’est pas seulement présent en astrologie, là où le mouvement des corps « célestes » semble offrir une métaphore utile à la compréhension de l’existence. Les catholiques ne croient pas au destin, ils croient au salut individuel, au pouvoir de changer le cours des choses. Les musulmans seraient plus enclins à croire que l’ordre divin projette son ombre sur la route à suivre et qu’il faut s’y soumettre.

Il ne faut pas confondre destin et fatalité et là encore, il y aura certains astrologues qui ne se feront pas prier pour vous tracer une ligne bien droite d’événements préfabriqués. La notion de destin existe également en science sous le vocable de déterminisme. Là aussi, le spectre des hypothèses englobe autant des autoroutes savantes de calculs — Dieu ne jouerait pas aux dés (Einstein) — que la notion du chaos qui mène invariablement à l’ordre, même si on ne peut prédire ce que sera l’ordre (la fourmi de Langton).

D’aucuns diront qu’il faut accepter son sort. J’en ai pour preuve deux de mes amis dont la carte du ciel exprime à la fois la fatalité de leurs problèmes de santé que la possibilité d’émerger ou de diriger leur exister vers un monde personnel nouveau.

Il nous arrive des choses, on les subit en quelque sorte. En même temps, on s’en fait une raison, on peut réussir ou tenter d’en comprendre le sens, on peut s’y construire une symbolique. Le destin serait-il alors une façon de cacher son ignorance ? Les danseurs ne voltigent-ils pas autour d’abstractions qui font naître la beauté ?

Vous, en ce moment, quel est votre destin, quel a été jusqu’à ce jour votre chemin ? Y voyez-vous un tracé, une ligne, une forme ? Si oui, quelle en est l’utilité ? Vous pouvez certainement y trouver un refuge, mais la dernière réponse sera que vous ne le savez pas. Tout au plus, pouvez-vous espérer. L’espoir est ainsi votre danse, votre chanson. Votre destin est d’être un être humain . Il s’agit d’une esquisse en traits noirs que votre fatalité qui vous appartient tentera de colorier avec des coups de crayon ou de pinceau plus ou moins achevés.

Votre destinée est partagée avec le reste de l’humanité qui doit composer avec la manifestation des autres espèces, la grandeur des planètes et des étoiles. Cela forme un Tout qu’on est bien obligé d’écrire avec une majuscule. Le silence en nous semble être notre seule certitude. Le résultat ou les conséquences de nos actions se conforment à des acquis inscrits dans le palimpseste de l’évolution. Nous devons certes nous soumettre, vivre notre vie de la manière dont elle nous arrive.

On représente souvent le destin comme un océan aux vagues aléatoires, à l’horizon toujours lointain et à la profondeur abyssale. La voûte des cieux et sa gigantesque variété pourraient être un autre symbole de ce qui Est. Il n’y a pas d’autre chemin que d’avancer et de se fondre aux étoiles, à créer son nid avec les autres abeilles. Si nous pouvions à tout le moins tous respirer ce même vent hivernal… notre marche vers notre destin n’en serait-elle pas plus heureuse ?