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Orages

9 juin 2012

L’orage, hier après-midi. Le ciel est devenu soudain plus gris que le mauvais temps, la température a chuté, le vent s’est mis à hurler, puis la pluie tomba, oblique et drue. On se serait cru dans une de ces tempêtes hivernales où rien n’est possible, chacun dans sa tanière à attendre que des heures meilleures reviennent. Et elles sont revenues, reprenant là où elles avaient laissé leur tricot régulier.

En va-t-il ainsi de ce mouvement étudiant, de la protestation sociale qui a pris racine dans le cœur de quelques gens ? À la télévision, un documentaire sur la vie de Michel Chartrand m’a montré le Québec des années 60 et 70, du temps des lois 63, 19, des mesures de guerre, etc. Au-delà du folklore de certaines attitudes, on ne peut que faire le rapprochement avec ce qui se passe en ce moment. Le degré et la force des gestes diffèrent, mais la couleur semble être la même.

Les orages bafouent, dérangent, déstabilisent, incendient. Les volcans crachent, les océans noient, les météores effacent. Si cette Nature semble pourtant savoir où elle s’en va, si elle sait compenser, rétablir le bon temps, et user de la mort de l’un pour nourrir la vie de l’autre, je reste perplexe devant les activités humaines. J’ai du mal parfois à voir la finalité de leurs actes, je ne comprends pas leurs colères, leurs avidités, je les trouve étrangement mécaniques et sans utilité. La colère de l’un n’est pas là pour nourrir, mais pour protester contre des forces qui n’ont rien à foutre de la fertilité, et qui préfèrent s’avilir dans l’avidité. Les orages du peuple ne surviennent que pour clamer leur ras-le-bol de situations qu’ils acceptent pourtant pendant des décennies, comme si le jeu de l’esclave et du maître n’était qu’un pâle théâtre du chat et de la souris.

Il y a, bien sûr, tous ces prés créateurs, ces cœurs nobles, ces belles gens, ces génies, ces grandes voix, ces sublimes écritures, ce cercle angélique auquel je voudrais faire partie. Il y a certes toute la bonté et la beauté de l’inventivité humaine.

Mais demeure en moi la mémoire de cette chanson qui demandait pourquoi le monde est sans amour et que ça ne devrait pas durer toujours.

Les massacres, les injustices se poursuivent. La Syrie s’en tirera, puisque à l’échelle planétaire, on joue encore à la guerre comme au temps des preux chevaliers. Je ne vois aucun équilibre, aucune raison derrière. Je ne vois qu’une race étonnamment aux prises avec un mal, une défectuosité d’assemblage, voire un accident et que la Nature finira bien par corriger. C’est peut-être déjà commencé.