C’est un grand paradoxe qui dicte de se taire pendant que l’on s’exprime. Se taire non pas dans le sens de garder silence, mais de se garder une petite gène en voulant statuer sur des certitudes.
C’est le début de l’automne. J’ai marché trois kilomètres cet après-midi pour aller chercher mes médicaments. Le soleil octroyait sa lumière au point de vous leurrer sur la réelle saison. Les gens se promenaient vêtus légèrement, s’assoyaient aux terrasses. Pour eux, la prochaine saison pouvait bien attendre. Je m’étais tout de même enfermé dans mes écouteurs à écouter quelque lancinante musique.
J’aime le calme que cela me procure, moi qui manque d’air, de pensées en ce moment. Je me suis contenté de marcher lentement. Il ne faut pas me presser. L’antibiotique que je prends encore pour deux jours m’interdit d’exacerber les muscles. J’en ai payé le prix cette semaine, à marcher d’un bon pas pour aller au travail puis en revenir. J’ai mal dormi cette nuit-là, les jambes se plaignaient de l’effort.
Et puis, à quoi bon se presser, il n’y a rien d’autre à faire que de vivre, de contempler, d’écouter avec les yeux les premiers signes de la future dormance. J’ai déjà trop dit dans ces pages que j’aimais cette saison. Elle est pour moi l’ultime exemple des rythmes universaux.
Le cosmos est trop vaste pour qu’on fasse de l’automne une parabole. Mais les cycles existent, ils sont les cordeaux qui maintiennent et relâchent nos existences. Ce qui se crée dans une nébuleuse finit par nourrir le carbone de notre Terre.
Nous ne sommes pas pour autant des marionnettes inconscientes. Nous sommes la manifestation de ce qui est. Notre conscience danse avec les photons et nos regards épousent la lumière des galaxies.
Il faut vraiment pouvoir se taire pour être capable de comprendre ces choses. Et tant pis si on ne comprend rien, car c’est la seule manière d’accepter de vivre.
Je rêve bien sûr, j’imagine la planète entière silencieuse une seule minute. Ce serait bien de respirer tous par le nez et de comprendre ce que notre destin nous réserve.