Tu sais, mon frère, ma sœur, Neptune rôde en moi. Tu n'as probablement que faire des cartes du ciel et de mes élucubrations, mais je te dis qu'elles se meuvent et me parlent, ces images et ces planètes. Je ne suis pas le premier à les observer, à les écouter. Elles sont une sagesse que tu ignores et que j'ai peine à déchiffrer. Mais elles sont là, je te l'affirme.
Si tu connaissais la géométrie de ta naissance, si tu te nourrissais de tes symboles au lieu de les subir inconsciemment, tu en trouverais, je l'espère, un ou des sens, une voie, une direction à ta vie. Tes cycles sont autant de miroirs de ce qui se trame autour de ton soleil. Il en va ainsi aussi de moi qui me perds en ce moment dans l'incertitude bienveillante, créatrice de ma vie.
J'aimerais connaître les symboles qui t'animent. Ils sont certes proches des miens, nous faisons après tout partie de la même espèce, mais tout de même. Chaque nuance dans ton regard est un monde en soi qui diffère de mes couleurs. Tout se perd si vite dans les heures qui nous échappent.
La Lune, les étoiles, des rochers ronds, des océans fertiles. Ils sont à la fois à des années-lumière de nos corps, et fusionnés pourtant à nos peaux. Pourquoi n'y voit-on pas ce qu'il y a à voir?
Tu sais, la lente dissolution de ma pensée se trame depuis le début de ma naissance. Il y va comme ces glaciers qui se réveillent aux pôles et qui craquent de toutes parts. Mon âme se découvre peu à peu, décharnée par tant de gel. Ce que je serai demain sera peut-être fait de givre. Mon imaginaire s'y perd déjà dans un brouillard de possibles images.
Le temps de Neptune passera, mais la danse des dieux ne s'arrêtera pas là. Même quand je serai mort, mes étoiles, celles de mon sang, tourbillonneront dans le chaos d'un lointain oubli.
Si chacun de ces mondes que j'imagine pouvaient contenir un seul gramme de vérité...
Et toi, de quelles couleurs sont faits tes rêves?