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Srinivasa Ramanujan

26 décembre 2016

Puisque je n’avais personne avec qui célébrer, hier, je me suis tapé en rafale un épisode Netflix et un film plutôt mauvais. Ce dernier, pourtant, raconte une histoire fascinante.

Régulièrement, j’entre en contact avec l’univers mathématique, comme si cet univers était un jardin secret jamais visité, trop froussard que je fus pour en explorer les complexes sentiers. Le film en question, The Man Who Knew Infinity, relate l’aventure britannique du mathématicien Srinivasa Ramanujan. Le film est mauvais, car il est vraiment trop sucré, semble débuter en plein milieu de l’histoire et on perçoit très peu de cette infinité que le titre annonce. De plus, le scénario ressemble étrangement à l’article de Wikipédia sur l’homme.

Quoi qu’il en soit, le phénomène qu’est Ramanujan mérite qu’on s’y attarde. Son court passage sur Terre a failli ne jamais être reconnu, car au début du XXe siècle, les Indiens, toujours sous la férule britannique, étaient considérés comme des gens de second ordre. L’histoire de Ramanujan pourrait se résumer ainsi : inspiré, des équations mathématiques lui venaient presque en rêve. Il était certes un mathématicien aguerri, pourtant sans grande formation générale puisqu’il ne se concentrait que sur les mathématiques, délaissant les autres matières, ce qui lui conduisait invariablement à l’échec scolaire.

Profondément religieux, on pouvait sans doute le considérer à l’époque comme un illuminé. Bien qu’il y ait un peu de légendes autour de lui, Ramanujan ne semblait pas trop apprécier les preuves en mathématiques. Pour lui, ses découvertes allaient de soi et il fallut la patience et la rigueur de son mentor britannique, G.H. Hardy pour faire reconnaître et canaliser le génie du prodige. Hardy dira d’ailleurs que sa plus importante contribution aux mathématiques fut la découverte de Ramanujan.

Ce jeune Indien a profondément marqué l’univers des mathématiques de son temps. Il a laissé quatre importants carnets de formules qui sont encore souvent à prouver et qui inspirent d’autres mathématiciens. Certaines de ces formules, dans le dernier carnet, ont contribué à faire avancer la science des trous noirs.

C’est tout dire de cette courte et brillante lumière. Il est mort à 32 ans, non pas de tuberculose, comme le laisse croire le film, mais d’une maladie du foie, largement répandue dans son lieu d’origine, le Madras.

Ainsi va la vie. On se plaît à admirer ces étoiles filantes à l’existence si courte et on souhaiterait posséder ne serait-ce que les miettes de cette passion qui les dévore. Pour ma part, je regrette de ne pas posséder ni le temps ni la concentration pour comprendre l’infini comme semblait savoir le faire Ramanujan.

Il y a tellement à découvrir… Comme le disait Hardy (dans le film, en tout cas), les mathématiciens existent pour révéler la beauté du monde, une splendeur qui leur échappe, créée d’on ne sait où, par quoi, par qui, et la tragédie est grande quand quelqu’un n’a le temps que d’entrouvrir ce voile opaque du néant avant qu’il ne se fonde de nouveau à lui sans tambour ni trompette