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Steve Jobs en rêve

25 septembre 2014

Ne me demandez pas quand a débuté mon rêve. Je peux vous dire qu’il devait être six heures trente du matin. Ses racines remontent en partie à la veille, alors que j’ai, non pas faire eu affaire à un chat, mais à Fido, ma compagnie de téléphone. J’ai renouvellé mon contrat et en ai profité pour me procurer le dernier né des produits Apple, le iPhone 6. Si je montre un chat, c’est parce que je m’étais promis d’écrire sur nos vies, de ces étapes quasi intangibles qu’il nous est si aisé de compter une fois qu’elles sont vécues. Durant la courte période qui nous est impartie sur Terre, nous sommes chat, ou serpent, nous changeons perpétuellement de vie, ou nous changeons de peau.

C’est dans ce contexte que j’ai rêvé à Steve Jobs. Le rêve fut doux. Jobs portait un col roulé de laine épaisse, du même bleu qui orne la page. Il était en chaussettes grises, son pantalon de la même couleur, vêtu donc à la manière de Jobs, richement simple. Nous étions dans un hôtel. Il était seul, mature, un regard paisible. Il se savait mourir. Il n’était pas en déni, il me semblait plutôt fort et serein. J’étais fasciné par sa présence et, égoïstement, étais fier d’être à ses côtés, sachant intérieurement que j’en tirerais sans doute quelques privilèges. Ainsi, devant le grand malheur de cet homme, je ne percevais que son pouvoir, sa richesse.

Il me tendit un parchemin sur lequel était imprimé un poème. Je savais tout de suite qu’il s’agissait de ses dernières paroles. L’esprit imbibé de mon rêve ne me permit pas de comprendre ni me souvenir de ce poème. Je me souviens cependant que Job est allé se coucher sur son lit de chambre d’hôtel, qu’il allait bientôt mourir. Le papier que j’avais entre les mains recelait un secret que j’avais encore à déchiffrer.

À la fenêtre de ma propre chambre, la lumière du matin est venue cogner aux parois de ce rêve rosée. Tout s’évapora. J’en ai conservé un sentiment de paix.

Quoi dire d’autre ? Les rêves des autres n’intéressent personne, et c’est bien normal. Jobs ressemblait tout de même à ce chat de la photo. Un animal d’un autre univers, une conscience distincte, une vie étrangère, et qui, pourtant, jetait ses vagues contre mes falaises.

Je peux m’amuser à dire que je fus visité par un messager, un ange gardien, venu me rassurer, me rappeler que la vie est riche. J’étais heureux, au réveil. J’ai passé une très belle journée. L’horizon, devant moi, est fait autant de tempêtes, de mort que de printemps, de nouveaux recommencements. J’ai des vies. Il me faut toutes les vivre.