Tu es ce qu'est ton désir le plus profond

Tu es ce qu’est ton désir le plus profond,
Tel désir, telle volonté.
Telle volonté, telles actions.
De ces actions, naît ton destin.
-- Interprétation libre. Brihadaranyaka Upanishad IV.4.5

Si tu veux vraiment comprendre qui tu es, découvre ce que tu désires. Explore cette pulsion qui se meut malgré toi à travers les ombres de tes rêves et de tes gestes. Ce feu en toi, cette vie, serait la véritable boussole de ton âme, celle qui pointe vers ce je-ne-sais-quoi que l’on appelle le Rien, le Soi, le Grand Vide qui crée tout.

Examine ta vie, observe les ombres sur le sol que tu formes à contre-jour de ton âme. Qu’en déduis-tu? Qu’est-ce qui se cache derrière tes choix, tes échecs, tes élans et tes lamentations? Est-ce un désir de possession? De liberté? D’unité? De vérité? Ou peut-être de dissolution?

Est-ce un désir d’être ou un désir d’oublier?

Ce que tu es, c’est ce que tu désires vraiment. Ce qui t’appellerait sans relâche, dans les silences, dans les gestes manqués. Ce qui te hante ou t’élève — voilà, semble-t-il, ton véritable nom.

Apprends à voir ce désir, et tu pourrais savoir où tu vas. Éclaire-le, et tu pourrais découvrir qui tu es.

Paradoxalement, au fur et à mesure de ta quête, les sages te préviennent, tu seras confronté à la désillusion. Devant toi, beaucoup de constats négatifs. Ta quête risque d’être infinie. Ce que tu découvriras au jour le jour s’effritera comme un mandala de sable patiemment construit par des oiseaux qui n’existent plus.

Neti, neti, proclament les Anciens. Ce n’est pas cela ni cela non plus. Tu n’es ni ton corps, ni tes pensées, ni même tes désirs. Tu es Ce qui voit tout cela.

C’est une contradiction abyssale. Le désir profond est ce qui peut te mener à l’abandon de ce désir. C’est une voie vers l’épuisement de la recherche extérieure. Quand il devient pur, ce désir ne regarderait plus par la fenêtre des sens et se tournerait vers un diamant intérieur aussi friable que le sera la trace de tes pieds sur le sol de l’existence.

Il n’empêche. On dit que cette marche est la source d’une quiétude et d’une joie immense. Il y a des gens qui auraient emprunté ce sentier. Ils ont laissé des paroles, des actes, sans pourtant rien nous promettre ou prouver.

Il ne s’agit pas ici d’espérer ou de croire aveuglément. Nous serions déjà sans yeux. La quête, dit-on, est de retrouver la vue au-delà des ombres et des apparences.