Quand je quitte la maison, mon regard se porte toujours vers le sud qui, de mon balcon, m’apparaît être le nord. Au printemps, la lumière m’accueille. Les longues ombres du matin semblent à la fois figées ou sereines, on ne saurait quoi penser.
En réalité, il n’y a pas matière à penser. Les penseurs de la pleine conscience aiment utiliser le mot ullasa qu’ils traduisent par contentement de la beauté. D’après un dictionnaire sanskrit, cela voudrait sans doute simplement dire lumière.
On aime bien, chez les adeptes du bonheur, gonfler le sens des mots. Je suis pourtant d’accord avec la joie que la lumière me procure, le matin. Elle me semble participer d’une unique certitude, presque un dogme.
La lumière du soir est la même, comme un envers identique d’une médaille aux pourtours kaléidoscopiques. Jamais je ne comprendrai l’existence, jamais n’en verrai la fin puisque lors de la fin, je serai probablement déjà aveugle.
Il me reste donc les matins et les soirs pour me rappeler l’importance d’être ce que je suis.