Je relis L’Effet Casimir. En vue de sa publication électronique, j’ai pensé une nouvelle page couverture, reprenant toutefois le tableau de Sylvie Laliberté, une amie de l’époque à qui j’avais modestement acheté les droits de reproduction. Ce tableau est essentiel à l’histoire, puisqu’il y est décrit et représente bien le thème.
J’aurais cru que mon regard et mon esprit auraient changé, évolué depuis dix ans. Je n’en suis plus certain. L’histoire de la psychanalyste Marthe, dans ce roman, est certes différente de celle de Diane, dans les Mailles sanguines. Cependant, toutes deux ont côtoyé, se sont abreuvées, se sont heurtées au récif à la volonté d’un artiste plus fort qu’elles. Toutes deux se sont également perdues. Il est vrai que, par la suite, leurs chemins divergent. Marthe possède une personnalité plus distante alors que Diane lutte contre sa passivité émotive.
Et puis, il y a également Lucienne, bien différente de Rose, mais tout de même. Deux femmes qui sont au service d’une autre, deux bonnes et deux femmes de la campagne. Dans le roman, ces deux personnages servent à illustrer la « simple réalité ». Pour le reste, heureusement, c’est bien de la littérature, des scènes et dialogues différents.
Michel Tremblay, et plusieurs autres avant lui, ont déjà dit qu’il n’y a plus rien à raconter. Qu’on répète inlassablement les mêmes thèmes, les mêmes historiettes. Il y a un peu de vérité là-dedans, d’autant qu’on semble incapable de se renouveler soi-même. Pour ne pas trop s’endormir, il faut donc se remettre en question. Écrire une histoire par généralement d’un même principe : il y a une crise, et il faut la résoudre. Le mot crise prend son origine du grec, et signifie choix.
Cela me donne une idée pour le prochain roman. Je ne détesterais pas écrire des nouvelles, comme je l’avais fait pour La Vie dure. Le thème : les gens qui ne font pas de choix, qui demeurent en attente, qui font avec, qui se contentent de leur petit bonheur goûtant un peu le vinaigre ou ayant ramolli, à défaut d’avoir le courage de recommencer. Combien de gens pensent que leur bonheur s’arrête où leur insatisfaction commence ?
Ce qui m’amène à penser à la situation politique actuelle. L’électorat stagne, le peuple, désabusé, hésite, ne veut plus choisir, car il a l’impression qu’il n’a pas de choix. J’aime bien ce « printemps » québécois 2012 qui ne veut pas se transformer en hiver...
Nous avons toujours le choix d’agir autrement. Aujourd’hui, sur Facebook, j’ai lu cette maxime : On ne peut commencer un nouveau chapitre de notre vie si on s’obstine à lire le précédent.
En reposant un regard sur mes anciens écrits, je vois bien tout le chemin qu’il me reste à faire. On m’a donné une existence (ou si on préfère, mon existence est en moi), il m’appartient de la cultiver.