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Moi et le champ akashique

8 août 2021

Depuis que je suis en âge d’écrire résolument et avec passion me suis-je enveloppé de courants romantiques et de fables philosophales. L’océan et le cosmos, la rivière et la pensée, la spirale de la vie et son miroir anéantissant. J’ai peut-être été davantage une plume emportée par le vent, abandonnée par son oiseau, que la vrille déterminée d’un pique-bois en quête de sa nourriture. Et de s’ce fait, je n’ai pas appris grand-chose d’autre que de rouler tant bien que mal ma bosse en haut de la montagne jusqu’à ce que, immanquablement, j’échappe ma charge au bon plaisir de la gravité.

Je ne sais ce qu’il me reste à comprendre et à vivre. Je consulte les schémas planétaires comme s’hypnotise l’insecte devant une ampoule électrique. Me brûlerai-je les ailes avant de pouvoir lécher la peau sucrée du soleil?

J’ai toujours été, je crois, comme nous tous, à une certaine croisée des chemins et l’âge ne fait qu’exacerber ce sentiment que notre vie est un voyage aux multiples directions, que son but n’a de sens que si on se soumet à quelques concessions. Il en va ainsi un peu comme cette chanson discours de Jean Gabin qui conclue que ce qu’il sait est qu’il ne sait rien. Et le mystique d’opiner de la tête en tournant son regard vers les profondeurs de son silence là où, dit-on, tout se lie dans un champ zéro, une racine commune. Bien que le discours en soit déjà adultéré par des faux mages, les récentes découvertes quantiques suggèrent qu’il existerait un champ primordial, une force où tout converge, émerge. Atomes, galaxies, étoiles, planètes, être vivants, voire la conscience de ce qui est, s’harmonisent dans une cohérence subtile. On cherche depuis un siècle une théorie unificatrice. On découvre maintenant que des éléments petits ou grands semblent « vibrer ensemble ». On réussit déjà à « télétransporter » de l’information d’un point A à un point C, par l’entremise d’un point B. Tout serait information ou plutôt, selon l’hypothèse d’Ervin Laszlo, tout serait « in-formation ».

Il n’en faut pas plus pour que des pseudosorciers aux prises avec leur quotidien se jettent sur ce type de lecture pour nourrir leur commerce ésotérique. Laszlo est-il du même moule? Il me semble que non. L’homme est fondateur du Club de Budapest. Ce livre de 2004 a été suivi par d’autres dont les titres pourraient faire sourciller, mais il faut voir, il faut lire. Je suis prêt à écouter. L’important est d’étaler ses antennes encore et encore. L’humanité a besoin de nouvelles lumières.

Pour ma part, je continue à observer un grand arbre de ma fenêtre de salon pendant que je tente de me tenir sur une patte yoguique. Un autre arbre, dans le coin de cette même fenêtre, sur mon terrain, semble écouter ce que les branches de l’autre ont à remuer. Cela vaut bien toutes les fables scientifiques du monde.