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Un éditeur dit « oui »

14 mars 2013

La réponse est finalement venue. Quelques gens, qui lisent beaucoup de manuscrits, ont décidé que le mien en valait la peine. Le contrat n’est pas signé, je ne dévoile pas tout de suite le nom de la maison d’édition l; appelons cela de la superstition. Toujours est-il que je peux raconter l’histoire d’une bouteille de mousseux qui attend son heure dans le fond de mon réfrigérateur.

Quand j’ai acheté ma maison, un ami m’avait apporté cette bouteille en guise de félicitations. Je l’avais rangée, puis oubliée. Au mois d’octobre dernier, un éditeur m’envoie un message électronique m’annonçant que mon manuscrit avait franchi la première étape de lecture et que j’allais recevoir une réponse dans les quinze jours. Belle coïncidence, j’entreprends le ménage d’une armoire et tombe sur la bouteille, bien cachée, au fond, dans un sac de toile. Surpris, je me décide tout de même à la placer au frigo, me disant que le hasard faisait vraiment bien les choses.

Et puis, un long silence de cinq mois, entrecoupé de deux messages m’invitant à la patience. Au mois de janvier, j’en étais à me demander s’il ne fallait pas sortir la bouteille, la boire pour adoucir mon angoisse ou, dans le pire des cas, ma peine. Attendre peut faire mal si on n’y prend garde, si on n’accepte pas, au départ, de laisser aller les choses, de s’en remettre au destin, à ses aïeux décédés, à la lune qui rythme les émotions. Attendre finit par faire vieillir un peu plus, même si, de toute manière, on vieillit toujours un peu plus, avec les joies et les peines.

Aujourd’hui, je n’ai pas décidé de sortir la bouteille. J’attends d’avoir signé. J’ai quand même appelé tout mon monde, je l’aurais tout de suite crié sur Facebook, sur Google, j’ai plutôt décommandé mon cours de chant, décommandé aussi un souper avec un ami, puis dit à mes deux amis du rez-de-chaussée, que je voulais rester avec eux.

J’ai encore peine à le croire. Je suis fier de mon texte et vais encore le scruter à la loupe, avec l’aide d’un ami, avant de l’abandonner totalement aux mains de l’éditeur. Écrire, c’est concevoir, publier, c’est réellement mettre au monde. Je sais pourtant qu’on peut accoucher de plusieurs façons. Ce sixième roman ne fait pas de moi une célébrité -- et Dieu sait le nombre d’auteurs qui ont reçu des prix et dont peu de gens connaissent l’existence --, non, la célébrité n’a pas d’importance, rien ne sert d’enfler plus qu’il ne faut l’ego. Évidemment.

Je ne voudrais pas tomber dans les clichés. Je vais donc me taire. Il faut continuer. Demain sera toujours un autre jour à recommencer.

Toujours est-il que ça ne change pas son monde, mais...